Les mascarons des façades bordelaises

Bordeaux possède un patrimoine architectural riche et varié. Souvent oubliés, les mascarons, ces ornements que l’on retrouve sur les façades ou au-dessus de portes et de fenêtres, sont bien plus que de simples décorations qui égayent les bâtiments de la ville.

À l’origine, les civilisations antiques greco-romaines se servaient de ces visages grotesques pour chasser le ‘mauvais œil’. À la Renaissance, les mascarons font leur retour sur les façades de bâtiments en tant que décorations, et se répandent peu à peu. À Bordeaux, ils font leur apparition à partir du XVIe siècle, et leur popularité explose au XVIIIe siècle. 

Les mascarons continuent d’apparaître à Bordeaux lors des grands travaux qui ont lieu sous le Second Empire, et ce jusqu’aux années 1930, connues pour l’essor architectural de l’art déco. S’ils s’effacent progressivement depuis la Seconde Guerre Mondiale, ils demeurent toutefois un art qui témoigne de la richesse architecturale et du patrimoine bordelais.

Aujourd’hui, on y retrouve plus de 3000 mascarons répertoriés, faisant de Bordeaux la ville française qui en possède le plus après Paris. Représentant des visages humains, des animaux, ou des personnages mythologiques, ils illustrent le ‘siècle d’or’ de Bordeaux qui a suivi la prospérité du port de la Lune sous l’empire colonial. En effet, les mascarons étaient également utilisés pour refléter le statut ou la richesse de leur propriétaire. 

Ils nous renseignent sur les goûts et les aspirations des Bordelais d’autrefois, ainsi que sur les préoccupations artistiques et esthétiques de l’époque. Certains mascarons, par exemple, représentent des personnages célèbres de l’histoire de la ville, comme Montaigne ou Montesquieu, tandis que d’autres évoquent des événements marquants de l’histoire de France, comme la Révolution ou l’Empire.

Les mascarons bordelais sont issus de différents courants artistiques, allant du baroque au rococo en passant par le néoclassicisme. On retrouve ainsi des motifs d’inspiration antique, mais aussi des représentations plus fantaisistes, comme des visages grimaçants ou des têtes d’animaux. Ces ornements ont été réalisés par des sculpteurs de renom, tels que Jean-Baptiste Bouchardon ou Jacques-François Blondel, mais aussi par des artistes moins connus, dont les œuvres ont pourtant marqué l’histoire de l’art bordelais.

Malgré leur importance historique et artistique, les mascarons bordelais sont aujourd’hui menacés par l’érosion et la pollution. Certains ont déjà disparu, tandis que d’autres sont en mauvais état. Pour préserver ce patrimoine exceptionnel, des actions de restauration sont en cours, mais il est important de sensibiliser le public à l’importance de ces sculptures et de leur donner la visibilité qu’elles méritent. Les mascarons bordelais sont une richesse culturelle et artistique unique, qu’il convient de protéger et de valoriser pour les générations futures.

Ainsi, les mascarons qui ornent nos rues sont un miroir de leur histoire, et constituent le charme et la diversité de l’architecture bordelaise. En arpentant les rues de Bordeaux, prenez le temps d’admirer ces sculptures singulières et plongez dans l’histoire de la ville à travers leurs motifs et leurs représentations.